08.06.2016
Le Glaucome
Le glaucome est une maladie de l’œil qui modifie, de manière irréversible et permanente, le fonctionnement du nerf optique (atteinte structurelle). Le nerf optique est la partie de l’œil par où transite toute l’information visuelle qui est captée par l’œil. L’information visuelle voyage par le nerf optique et est transmise au cerveau.
Plusieurs facteurs de risque peuvent prédisposer le nerf optique à des dommages glaucomateux : diverses conditions oculaires, prédisposition génétique, mauvais apport sanguin au nerf optique et principalement, une pression intraoculaire élevée. Les dommages au nerf optique s’installent lentement et progressivement, de sorte que la maladie est asymptomatique la plupart du temps. Une perte progressive du champ visuel (atteinte fonctionnelle) est alors observée. Une personne peut devenir complètement aveugle si elle n’est pas diagnostiquée ou si elle ne reçoit pas de traitement adéquat. Selon le type de glaucome, le traitement sera soit médical — gouttes, laser —, soit chirurgical.
Interview avec le Dr André Mermoud, fondateur et médecin chef du Centre du Glaucome de la Clinique de Montchoisi à Lausanne.
Le glaucome est-il une maladie grave ?
Il peut le devenir, car c’est une maladie qui détruit progressivement le nerf optique et qui peut aboutir, si elle n’est pas traitée, à une cécité totale. C’est d’ailleurs la deuxième cause de cécité dans le monde. Lors d’un glaucome, le filtre qui aide le liquide de l’œil à s’écouler s’altère ou se bouche, emprisonnant le liquide dans la cavité oculaire. En conséquence, la pression intraoculaire augmente, ce qui endommage le nerf optique et réduit la vision périphérique d’abord, puis centrale dans le stade avancé. On peut arrêter l’évolution de la maladie grâce à des collyres ou à différentes interventions chirurgicales. Mais, le glaucome ne s’annonce jamais, c’est un « voleur » de vision, d’où l’utilité d’un dépistage systématique tous les 3 ans à partir de 40 ans, et tous les ans à partir de 60 ans, surtout si un des parents a été touché. La maladie survient plutôt entre 60 et 70 ans.
Quelles sont les techniques de chirurgie employées ?
La chirurgie est utilisée en cas d’échec du traitement médical, que ce soit par voie pharmacologique (gouttes) et (ou) laser. Plusieurs types d’interventions chirurgicales sont envisageables, et ce, en fonction du type de glaucome diagnostiqué. Parmi ceux-ci, on compte les interventions minimalement invasives (iStents, Trabectome, ECP), les interventions filtrantes (trabéculectomie, non pénétrantes, sclérectomie profonde, canaloplastie), les implants de drainage (Ahmed, Baerveltd, ExPress, shunt Gold) et la cyclodestruction. Le but recherché consiste à abaisser la pression intraoculaire. Ces interventions ne permettent pas de réparer les lésions déjà existantes ; elles stabilisent plutôt l’état du patient et, par conséquent, de prévenir des pertes ultérieures. De plus, toutes ces interventions peuvent être combinées à la chirurgie de la cataracte.
En quoi consiste la technique du « micro-tap » ou micro-robinet ?
C’est une technique que nous avons conjointement mise au point avec le Pr Nikos Stergiopoulos de l’EPFL, qui consiste, lors de glaucomes réfractaires, à insérer sous la conjonctive un implant réglable, un mini-robinet d’un cinquième de millimètre d’épaisseur, afin de drainer le surplus de liquide. Avec ce procédé, on peut réguler le débit du liquide oculaire, en fermant ou ouvrant le robinet, selon la pression intraoculaire. Les tests cliniques sur les premiers patients ont été concluants. Nous poursuivrons les essais cliniques durant toute l’année, et si tout va bien, l’implant sera bientôt disponible pour une utilisation à large échelle.
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Специалист по офтальмологии, член Федерации швейцарских врачей (FMH)